La Dafne de Caldara

Un siècle après Gagliano, Caldara reprend l’histoire de la nymphe Daphné. Mais les temps ont changé : son librettiste Biavi réduit le mythe ovidien à une trio amoureux sous les yeux du vieux Pénée, père de Daphné. Cette dernière va donc subir les assauts enflammés de Phoebus, se faisant passer pour un berger, tandis qu’Aminta, un vrai pasteur, ne cesse en vain de déclarer sa flamme.

Pour échapper à tant d’ardeurs masculines et après de multiples péripéties, la nymphe, un temps séduite par le soleil, subira une métamorphose qui, dans ce XVIIIème siècle naissant, s’apparente presque à une fuite dans un couvent… Son père, le noble fleuve, se voit lui-même transformé ici en brave pécheur, n’hésitant pas à pratiquer son sport favori avec sa jolie fille !

Caldara irradie cette intrigue amoureuse et pastorale de la plus divine des musiques. Outre que l’œuvre ait été dédiée à l’archevêque de Salzbourg, c’est immédiatement à Mozart que l’on pense devant tant d’évidence musicale : élégance, naturel, science pudiquement cachée derrière l’efficacité dramatique. Et par-dessus tout, on ressent à chaque mesure l’amour que porte Caldara à ses interprètes, instrumentistes et chanteurs, et à son auditoire.